UN FILM EST EN PRÉPARATION
À l’origine du projet, Andreu Rosés (chercheur)
et Marc Almodovar (réalisateur). Ils estiment le nombre d’engagés pour
sauver la République d’Espagne à près de 700 dont une majorité
d’Algériens.
Liberte-Algerie.com Par
OUYOUGOUTE Moussa
31-08-2015
Un film documentaire est en préparation sur un volet méconnu de
l’histoire contemporaine espagnole. L’implication de musulmans dans les
brigades internationales qui se sont engagées durant la guerre civile
espagnole (1936-1939) aux côtés des républicains contre les
nationalistes et qui s’était conclue par la victoire du général Franco. À
l’origine du projet, Andreu Rosés (chercheur) et Marc Almodovar
(réalisateur). Ils estiment le nombre d’engagés pour sauver la
République d’Espagne à près de 700 dont une majorité d’Algériens. Le
nombre avoisinerait les 500 combattants. L’équipe espagnole séjourne
actuellement en Algérie, plus particulièrement à Béjaïa, en vue de
rencontrer les descendants de ces combattants de la liberté et de la
République. Parmi ces centaines de combattants, une bonne partie est
originaire de Béjaïa et de son arrière-pays. La vallée de la Soummam
(Timezrit, Sidi Aïch, Akfadou, Ighil Ali, etc.) mais aussi du Sahel. Il
s’agit bien évidemment de militants conscientisés par le mouvement
national, l’adhésion à l’Etoile nord-africaine, à la 2e et notamment à
la 3e Internationales. D’ailleurs parmi les engagés qui sont partis
d’Algérie, “il n’y avait pas que des Algériens musulmans, qui étaient
certes la majorité”, a nuancé Andreu Rosés, “mais aussi des pieds-noirs”
communistes s’entend. Le problème dans l’Espagne d’aujourd’hui, on
ignore tout de l’engagement de combattants venus de terre d’islam
(Maghreb, Égypte, Syrie et Liban). La raison ? “Dans la mémoire
collective espagnole, on ne se rappelle que des quelque 70 000 Marocains
qui ont combattu aux côtés des nationalistes ; ils ont été forcés par
le général Franco qui leur a promis de bénéficier de contreparties :
soit des terres, soit de l’argent”, a ajouté Andreu Rosés. Les Espagnols
ne retiennent donc de la guerre civile espagnole (on l’appelle aussi
guerre d’Espagne) que cette main-forte prêtée par ces dizaines de
milliers de combattants marocains, mais ils ignorent tout de
l’engagement armé des Algériens, qui étaient 500 sur les quelque 700
ayant tenté de sauver la République espagnole et d’éviter surtout aux
Espagnols une dictature qui durera 36 ans. Il faut dire aussi que le
vert, qui symbolise l’islam, est une couleur qui “incommode encore les
Espagnols, qui ont développé un véritable racisme depuis la
Reconquista”, la reconquête de l’Espagne par les chrétiens sur les
musulmans durant le Moyen Age, a reconnu Andreu Rosés. Le film
documentaire va néanmoins lever le voile sur un fait qui aurait pu
changer le cours de l’histoire. Les républicains espagnols étaient sur
le point d’arriver à un arrangement avec les nationalistes marocains par
le biais des Algériens. L’initiative a été stoppée net par le
gouvernement de Léon Blum, a affirmé le chercheur espagnol. Léon Blum
craignait sans doute qu’un tel arrangement vienne sceller une alliance
des nationalistes algériens et marocains d’autant qu’ils seront
lourdement armés. Pourtant, de 1936 à 1938, les gouvernements du Front
populaire ont soutenu les républicains et le gouvernement légal de
l’Espagne. Maichel Catala de l’université de Nantes, qui a écrit un
article fort documenté sur l’attitude de la France face à la guerre
d’Espagne, a expliqué que “ce soutien prend diverses formes, selon la
conjoncture, mais il s’effectue plus en paroles qu’en actes. Léon Blum
est vite prisonnier de la non-intervention, un pis-aller qu’il lui
fallut couvrir, faute de mieux”.
M.O.
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