martes, 1 de septiembre de 2015

Ces Algériens qui ont fait la guerre d’Espagne


UN FILM EST EN PRÉPARATION

À l’origine du projet, Andreu Rosés (chercheur) et Marc Almodovar (réalisateur). Ils estiment le nombre d’engagés pour sauver la République d’Espagne à près de 700 dont une majorité d’Algériens.

Liberte-Algerie.com Par OUYOUGOUTE Moussa 31-08-2015
Un film documentaire est en préparation sur un volet méconnu de l’histoire contemporaine espagnole. L’implication de musulmans dans les brigades internationales qui se sont engagées durant la guerre civile espagnole (1936-1939) aux côtés des républicains contre les nationalistes et qui s’était conclue par la victoire du général Franco. À l’origine du projet, Andreu Rosés (chercheur) et Marc Almodovar (réalisateur). Ils estiment le nombre d’engagés pour sauver la République d’Espagne à près de 700 dont une majorité d’Algériens. Le nombre avoisinerait les 500 combattants. L’équipe espagnole séjourne actuellement en Algérie, plus particulièrement à Béjaïa, en vue de rencontrer les descendants de ces combattants de la liberté et de la République. Parmi ces centaines de combattants, une bonne partie est originaire de Béjaïa et de son arrière-pays. La vallée de la Soummam (Timezrit, Sidi Aïch, Akfadou, Ighil Ali, etc.) mais aussi du Sahel. Il s’agit bien évidemment de militants conscientisés par le mouvement national, l’adhésion à l’Etoile nord-africaine, à la 2e et notamment à la 3e Internationales. D’ailleurs parmi les engagés qui sont partis d’Algérie, “il n’y avait pas que des Algériens musulmans, qui étaient certes la majorité”, a nuancé Andreu Rosés, “mais aussi des pieds-noirs” communistes s’entend. Le problème dans l’Espagne d’aujourd’hui, on ignore tout de l’engagement de combattants venus de terre d’islam (Maghreb, Égypte, Syrie et Liban). La raison ? “Dans la mémoire collective espagnole, on ne se rappelle que des quelque 70 000 Marocains qui ont combattu aux côtés des nationalistes ; ils ont été forcés par le général Franco qui leur a promis de bénéficier de contreparties : soit des terres, soit de l’argent”, a ajouté Andreu Rosés. Les Espagnols ne retiennent donc de la guerre civile espagnole (on l’appelle aussi guerre d’Espagne) que cette main-forte prêtée par ces dizaines de milliers de combattants marocains, mais ils ignorent tout de l’engagement armé des Algériens, qui étaient 500 sur les quelque 700 ayant tenté de sauver la République espagnole et d’éviter surtout aux Espagnols une dictature qui durera 36 ans. Il faut dire aussi que le vert, qui symbolise l’islam, est une couleur qui “incommode encore les Espagnols, qui ont développé un véritable racisme depuis la Reconquista”, la reconquête de l’Espagne par les chrétiens sur les musulmans durant le Moyen Age, a reconnu Andreu Rosés. Le film documentaire va néanmoins lever le voile sur un fait qui aurait pu changer le cours de l’histoire. Les républicains espagnols étaient sur le point d’arriver à un arrangement avec les nationalistes marocains par le biais des Algériens. L’initiative a été stoppée net par le gouvernement de Léon Blum, a affirmé le chercheur espagnol. Léon Blum craignait sans doute qu’un tel arrangement vienne sceller une alliance des nationalistes algériens et marocains d’autant qu’ils seront lourdement armés. Pourtant, de 1936 à 1938, les gouvernements du Front populaire ont soutenu les républicains et le gouvernement légal de l’Espagne. Maichel Catala de l’université de Nantes, qui a écrit un article fort documenté sur l’attitude de la France face à la guerre d’Espagne, a expliqué que “ce soutien prend diverses formes, selon la conjoncture, mais il s’effectue plus en paroles qu’en actes. Léon Blum est vite prisonnier de la non-intervention, un pis-aller qu’il lui fallut couvrir, faute de mieux”.

M.O.

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